Un si paisible petit pays

 Il y a un an environ, pour les bons soins de la jolie revue l'Indic, spécialisée dans le polar, j'écrivais cette petite note de lecture à propos de Bondrée, de l'auteure canadienne Andrée Michaud. Je faisais part, du moins c'était une tentative, de mon amour absolu pour ce livre, et de l'ambiance sublime qui y régnait page après page. 

Ce lieu était comme une respiration, un silence suspendu entre deux mondes, et cela vibrait en moi, pauvre victime des centres-ville trop bruyants.

Un an plus tard, ce livre sort en poche, et, le voyant dans la vitrine d'une librairie, la machine à souvenirs s'est mise en branle sans que je cherche sur quel bouton appuyer. 
Retour à Bondrée. Retour en terres paisibles (attention, je me comprends, y a quand même un doux dingue qui se promène là-bas et qui trucide de l'adolescente), retour à la nature, loin de l'agitation, loin du trop plein urbain.

Alors, je ressuscite cette chronique, sans en changer le moindre mot. Ce livre restera le meilleur polar que j'ai lu cette dernière année.





Bondrée est un petit coin de paradis, un havre de paix silencieux. A la frontière entre le Québec et l'état américain du Maine, Bondrée est un coin de nature sauvage, entourant un lac paisible où les orignaux viennent s'abreuver en attendant l'hiver.
Mais la quiétude de l'endroit est bouleversée par l'arrivée d'un trappeur, Pierre Landry, devenu peu à peu une sorte de croquemitaine pour la petite communauté d'habitants qui viendront s'installer quelques années après lui. Son fantôme torturé hante les bois jadis tranquilles de Bondrée, et on le croit ressuscité lorsque l'on découvre le corps sans vie d'une première, puis d'une seconde adolescente. Mais puisque Pierre Landry est bel et bien mort, cela signifie que l'assassin est un membre de la petite communauté, jusque là soudée et imperméable à la moindre violence.

Comme dans tout bon polar, la résolution de l'enquête importe peu. Ce qui compte, c'est la description de l’atmosphère et l'ambiance globale du petit univers dans lequel on pénètre. C'est exactement ce qu'on retrouve ici, une large place est faite à la nature, son mystère, sa noirceur, son hostilité, mais aussi sa grâce.
Ce roman magnifique et précieux laisse entendre plusieurs voix, notamment celle d'une petite fille, Andrée, confrontée pour la première fois à un monde qui n'a plus rien d'enfantin, et celle de l'inspecteur Michaud, chargé de l'enquête, qui perd peu à peu ses illusions sur le genre humain. Si même au fin fond d'un petit village tranquille la mort se met à frapper aussi durement, c'est que ce monde ne tourne pas rond. L'auteur donne son prénom et son nom à ces deux personnages touchants comme pour offrir à son lecteur sa vision pessimiste d'un monde bucolique peu à peu contaminé par la folie meurtrière des hommes.

C'est parfaitement réussi.


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