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Affichage des articles du octobre, 2017

L'odyssée d'une génération déçue

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D'abord, il y a cette couverture. Dans la jungle quadrillée que sont les tables des librairies, elle se remarque aussitôt, sort du lot et, immanquablement, suscite l’intérêt. Les jolies éditions RueFromentin ont parfaitement compris l'importance d'une couverture réussie, d'un graphisme impeccable et d'une esthétique qui attire l'attention (exemple avec le dernier né de la maison, L'homme surnuméraire , de Patrice Jean). Alors, bravo à MathieuPersan pour cette illustration. Vive et colorée, il est difficile de ne pas tomber sous son charme. Que voit-on ? Les gratte-ciels de Manhattan, la nuit étoilée sur New York et, en surimpression, le visage d'une femme regardant vers le ciel. La ville à figure humaine ? Une femme qui protège ses habitants ? Le thème de la ville-femme existe depuis longtemps et, à vrai dire, on en a fait le tour depuis le temps. La ville est belle comme un corps de femme, et dangereuse comme l'amour pour une inc

Choléra pour cadeau de Noël

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Dans les boîtes aux lettres, déjà, les catalogues de jouets. Dans les grands magasins, déjà, des rayons entiers de chocolats et des calendriers de l'Avent. Dans les magasins de décoration, déjà, sapins, guirlandes et neige artificielle. Ainsi, c'est déjà Noël ? Je m'engouffre, alors, dans la brèche. Souhaitez-vous des idées de cadeaux ? Voici une première piste : Choléra  ! Joseph Delteil ! Impossible de résumer le livre. Insistons plutôt sur le fait qu'il ne date pas d'hier. Première édition, 1923. Premier public : les surréalistes enthousiasmés, Pierre Drieu La Rochelle époustouflé, Henry Miller enflammé. L'intrigue, qui n'en est pas une : un homme, trois femmes (jeunes) prêtes à lui offrir leurs charmes. Quoi d'autre ? Dans le fond, quelle importance ! Tout le reste n'est que littérature, au sens propre. Des images poétiques, des phrases sublimes. De l'amour et de l'absurde. Ici l'Espagne, là Bayre

Laura Kasischke - Le pressentiment de la catastrophe

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Pendant des siècles, les différentes légendes ont prêté aux alchimistes de tous bords la volonté de transformer le plomb en or. Quelle découverte majeure ce serait, quel bond en avant prodigieux, quelle inépuisable source de richesses aurait-on alors découvert ! Mais tout ceci relève de la chimère, et pareille formule n'a jamais été trouvée. En littérature, on pourrait appliquer cette recherche à la volonté de créer le tout à partir du rien. C'est à dire faire jaillir du banal le plus accompli (une situation du quotidien, un dialogue sur la météo) un élément si troublant qu'il en devient essentiel. Il ne se passe rien, pourtant, tout est là.  Si plus d'un a tenté l'expérience, elle demeure toutefois très difficile à accomplir et, malheureusement, on trouve davantage d'exemples d'échec que de réussite (parfois, tout ceci est trop artificiel et on voit venir le subterfuge : "quel temps superbe, non ?" "Non, regardez ce gros nuage noir

Maurice Pons, quelque part entre le malsain et le lumineux

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Cet article, je l'ai commencé dix fois, douze fois, quinze fois, sans jamais en être satisfait. Pourtant, je retente ma chance. Je voulais écrire un hommage vibrant à Maurice Pons, écrivain de génie pas assez lu à mon goût, qui nous a quitté en toute discrétion il y a plus d'un an maintenant. Je voulais lancer un appel pour la réédition de tous ses livres, romans, nouvelles, y compris ses écrits sur l'art, car la plupart sont épuisés. Je voulais, pourquoi pas, me poser en biographe non officiel de cet homme que je n'ai jamais eu la chance de rencontrer, retracer sa vie, et vivre avec lui au Moulin d'Andé, où il s'était retiré voilà déjà quelques décennies. Je voulais retranscrire les conversations que nous n'aurons jamais, goûter ses alcools et profiter du silence porté disparu dans le tumulte des grandes villes. Je voulais tout cela, mais j'ai été incapable de savoir par où commencer. Ou plutôt si, je connais le point de départ.