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Affichage des articles du 2018

Twin Peaks the Return - Le temps hors de portée

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Beaucoup de choses ont changé ces vingt-cinq dernières années, à Twin Peaks comme ailleurs. Les modes ont évolué, les langages se sont transformés, les idéaux se sont individualisés. Surtout, comme Dale Cooper, David Lynch s'est retrouvé enfermé dans la Black Lodge. Ses films sont devenus plus sombres que jamais (tant au niveau narratif qu'esthétique), le café a eu de moins en moins bon goût (tellement qu'Angelo Badalamenti le recrache sans ménagement dans Mulholland Drive ) et les yeux naïfs de grand enfant de Kyle MacLachlan ont disparu de ses castings. Entre-temps, et peut-être précisément parce que le réalisateur est resté bloqué dans sa Black Lodge, Lynch est devenu le maître du temps disloqué, ou plus exactement, du temps hors de portée. On ne peut ni le sentir passer, ni mesurer son emprise, encore moins le comprendre. Le temps, dans ses films, est une matière à travailler. Lynch aime jouer avec des temporalités différentes, créant ainsi une co

Enfermée volontaire

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Certainement qu'une des terreurs les plus universellement partagées – après les clowns, bien évidemment – est celle d'être enfermé dans un asile de fous. Sain d'esprit, conscient d'être la victime d'une méprise, vous affirmez avec force que votre état mental est normal et que vous avez toute votre raison. Puisque personne ne partage votre avis (sinon, pourquoi seriez-vous là ?), vous vous agitez et, devant l'injustice, hurlez que vous n'êtes pas fou. Passant, ainsi, pour un fou, puisque vous êtes incapable de vous contrôler. La sentence est terrible, on vous garde plus longtemps encore dans l'asile, entouré par des fous véritables, des gens au regard vide, abandonnés par leur esprit, les mains tremblantes, dialoguant avec des ombres. C'est effrayant. Personne ne souhaite vivre une chose pareille, vivant comme Cassandre à se débattre pour convaincre des médecins désintéressés de leur erreur. La plus grande folie serait de plonger d

Le voyeurisme comme simple curiosité

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Quand on associe les mots motel et voyeur , on pense instantanément à ce bon vieux Norman Bates, observant par un petit œilleton ce qui se passe dans la chambre d'à côté, dans Psychose d'Alfred Hitchcock. Et certainement que Gerald Foos, le voyeur dont il est question dans le récit de Gay Talese, devait souvent penser à cette scène lors de ses longues heures d'observation, allongé sur les trois couches de moquette de son grenier, à l’affût des allers et venus des hommes et femmes sous ses pieds qui, les imprudents, étaient loin de se douter qu'ils étaient scrutés par leur logeur. Le motel du voyeur est un récit journalistique écrit par Gay Talese, retranscrivant les pages du Journal d'un voyeur , écrit par Gerald Foos. Celui-ci a consciencieusement tenu un journal durant les trente années qu'il a passé à observer les gens qu'il accueillait dans son motel. Soyons plus précis, avec son épouse, Foos avait fait l'acquisition d'un motel dan