Articles

Affichage des articles du novembre, 2017

13ème Note, l'odyssée d'une autre littérature américaine

Image
L'histoire de l'édition est émaillée de dates incontournables, de moments de grâce et d'évolutions essentielles. Gallimard, bien sûr, Pauvert pour le dépoussiérage de Sade (ou plutôt, pour le sortir de sous le manteau), Eric Losfeld pour Emmanuelle et la revue Bizarre. Dans cette lignée, rajoutons les éditions 13ème Note.   L'éditeur qui, en France, a donné une voix aux auteurs américains qui n'en avaient aucune, qu'on laissait sans sourciller dans leur caniveau, une bouteille à la main, les désillusions scintillant dans les yeux. Des auteurs que l'on croit maudits mais qui sont, en réalité, touchés par la grâce, conscients de leurs propres limites, tutoyant leurs échecs, se confrontant sans cesse au miroir grossissant de leurs lâchetés. Des auteurs vaincus par leurs propres démons, vaincus par la vie, vaincus par l'Amérique. Il ne leur reste plus rien, sinon le dernier souffle, le dernier coup de poing comme un baroud d'honneur, et

Bellmer / Buron : la Poupée est devenue humaine

Image
Dans son étrange laboratoire, Hans Bellmer fourmillait d'idées et de visions. Sans relâche, il dessinait tout, couchant sur papier ses fantasmes et fantasmagories les plus sombres, articulant et désarticulant à l'infini les corps des femmes qui lui apparaissaient sans cesse. Certainement qu'une nuit, au détour d'un rêve, ou plus sûrement au moment où deux songes se sont télescopés, s'est avancée vers lui, dans toute sa lumineuse beauté et sa nudité d’effrontée, la Poupée qu'il s’ingéniera, pendant les quarante années suivantes, à monter et démonter à l'envie.  Toute la psychanalyse du monde pourra noircir des pages et des pages sur les symboles et les représentations de sa poupée, ce qu'elle dit des rapports de Bellmer aux femmes, aux mères, aux maîtresses, ce n'est pas, ici, notre propos. Restons au stade premier de la vue, puis au stade deuxième du ressenti.  Voici l’œuvre : La poupée implorante est devenue forme monstrueuse

Un si paisible petit pays

Image
 Il y a un an environ, pour les bons soins de la jolie revue l'Indic , spécialisée dans le polar, j'écrivais cette petite note de lecture à propos de Bondrée , de l'auteure canadienne Andrée Michaud. Je faisais part, du moins c'était une tentative, de mon amour absolu pour ce livre, et de l'ambiance sublime qui y régnait page après page.  Ce lieu était comme une respiration, un silence suspendu entre deux mondes, et cela vibrait en moi, pauvre victime des centres-ville trop bruyants. Un an plus tard, ce livre sort en poche, et, le voyant dans la vitrine d'une librairie, la machine à souvenirs s'est mise en branle sans que je cherche sur quel bouton appuyer.  Retour à Bondrée. Retour en terres paisibles (attention, je me comprends, y a quand même un doux dingue qui se promène là-bas et qui trucide de l'adolescente), retour à la nature, loin de l'agitation, loin du trop plein urbain. Alors, je ressuscite cette chronique, sans en changer